Les âneries des uns...le pragmatisme de l'autre

Bingo pour lui, le surlendemain, ma photo agrémente la une des quotidiens européens.

Les plus graves affichent en une : terroristes arrêtés en Espagne, ils circulaient à dos d'ânes. Et les plus méfiants ...Une lance plantée dans Les ailes du Moulin Rouge, atteinte au mauvais goût ou attentat ? …

Il n'empêche que BFM débarque et assure à heure fixe, en direct, « Ici, nous attendons d'une minute à l'autre la déclaration du procureur », lequel dans son bureau jouit de la situation qu'il a depuis belle lurette tranchée si ce n'était ce foutu mandat international qui l'oblige à poursuivre.

Encore n'a-t’il rien vu. Tout ce qui peut compter sur la planète de grands média envahissent le peu d'espace dédié au chemin de Saint Jacques. Les pèlerins, beaucoup d'entre eux l'arpentant pour retrouver une paix intérieure même s'ils ne sont pas croyants, se heurtent à une fourmilière des plus désagréables. La plupart pense qu'il se passe quelque chose de grave mais quasiment tous n'en ont rien à faire.

Le procureur se fait attendre d'où l'amas intempestif de correspondants internationaux et de leurs équipes techniques qui squattent impunément non seulement le gîte et le couvert mais aussi l'espace restreint du chemin dédié au pèlerinage. Que peut-il annoncer sinon qu'il est intimement persuadé de l’innocuité des suspects mais que la cellule anti-terrorriste est venu perturber le classement de cette affaire . Il est écartelé entre deux désirs contradictoires : celui de l'honnêteté qui lui vaudra, il le craint, un flop retentissant en face des télévisions du monde entier ou celui d'alimenter l'ouverture de JT , la une de quotidiens... Il ne tranche pas c'est à dire qu'il prolonge le suspens.

Y'a une anêsse dans le pré...mais il y a aussi des centaines de photographes...Pire que les taons, et les mouches, ceux-là, d'un coup de queue on ne peut se débarrasser. L'ânesse essaie de jouer son rôle jusqu'au bout mais je vois bien que la présence humaine la perturbe. Mes compagnons aussi essaie de faire bonne figure mais pour eux il n'y a pas l'intimité requise. Personne n 'ose s'aventurer dans ce contexte particulier et j'hume à travers mes naseaux que bientôt la belle sera imperméable à notre baratin de mâle. Je m'enhardis, bravant l'orage de flash que mon déplacement suscite.

- Je t'attendais...C'est du moins ce que j'ai cru entendre dans son braiment.

La suite conforte l'excellence de mon audition.

Dans quelques mois si je ne suis pas stérile, naîtra un Rossianito. Mais dans quelques mois où serais-je ?