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La Sancha au sang chaud

Un dégueuloir mais sans trop de mauvaises odeurs, je suis trop polie pour ça !

EVASION

Tout à coup je me sens important, plus important que ce Don qui Chinoise et dont les chimères attirent les noises et même du Sancho de mon coeur, certes au sang chaud mais qui se leurre. N'a t-on jamais fait fortune à l'ombre d'un taré qui se dit chevalier et d'un corvéable à merci Au vingt-et-unième siècle est-ce bien raisonnable ? Je vais devenir papa. J'ignore ce que c'est mais je sais que mon futur rejeton ne devra pas rougir de moi. Je prends la poudre d'escampette en forçant un bosquet à priori infranchissable par son aspect mais qui s'avère être en velours quand d'un bond on le franchit. Etonné de l'avoir violé aussi facilement qu'un doigt peut s'enfoncer dans du beurre ramolli, mon élan s'arrête dès l'obstacle passé . Je me trouve bête d' une victoire aussi facile. conforté d'une telle opportunité, j'enquille les kilomètres sans me rendre compte que je passe la frontière. Le mandat international aux trousses me donne des ailes soudainement rognées par manque d'endurance. Je ralentis l'allure, haletant, profitant d'une descente pour me laisser porter vers une vallée. Et qui dit vallée, dit habitation. Heureusement, le noir chimique de mon pelage commence à se fondre à la nuit sans lune qui s'annonce. Je pense pouvoir passer inaperçu et doubler sans inconvénient la petite ville en profitant de l'obscurité. J'en suis là de mes réflexions quand,soudain, un éclair fuse. Je scrute plus avant le ciel qui ne me semble pas présenter de caractère orageux. Bien au contraire, jamais les étoiles n'ont été si brillantes et si nombreuses . Un vrai livre ouvert pour les astronomes. Une voie si lactée qu'elle serait digne d'adoucir un chocolat à fort taux de cacao. J'essaie d'analyser la provenance de cette lumière incongrue sans parvenir à une explication plausible avant de me remettre en branle d'un pas de sénateur. Je me reposerai plus tard, je dois profiter du sommeil des hommes pour poursuivre le chemin sans être repéré. Mi-au pas, mi au trot, je vais où mes sabots me conduisent sans but précis avec une seule constatation en tête, mon avenir ne peut-être pire que mon passé. D'autant que je viens de m'affranchir de contraintes qui parfois me semblaient intolérables, des bâts trop lourds qui accentuaient un mal de dos chronique ou bien mal arrimés et qui me blessaient principalement le flanc, pire un humain qui n'hésitait pas à serrer brusquement ses jambes et même à enfoncer ses talons dans mon corps parce que par définition un homme n'est satisfait que quand il a atteint son but et est donc toujours pressé.

Aucun âne ne peut rivaliser en vitesse avec une jument même squelettique tant l'allonge de celle-ci lui permet sans effort de franchir une distance plus grande. Pendant ces années Donchiquetesques, je me suis trouvé déchiré de fatigue plus qu'à mon tour.

L'idée de ne plus dépendre de quiconque abolit ma fatigue. Me voilà titubant, caracolant détalant au gré de mes fantaisies. Je rue, me cabre, fais volte-face parce que c'est mon plaisir. Je m'arrête brusquement, je m'étale de tout mon long à même le bitume, j'en profite pour me gratter le dos et après une roulade jouissive je consens à revenir sur mes sabots, heureux de cet intermède. Je me fige quand le deuxième éclair, que dis-je une dizaine de mini-éclairs stroboscopiques me fige. Je regarde à l'entour mais dans cette nuit d'encre, je ne peux distinguer aucun détail significatif.

Je continue le chemin sur mes gardes, à bonne allure, les oreilles dressées et pivotantes pour ne rien perdre des bruits environnants. J'ai la chance d'avoir des pavillons développées qui amplifient les sons à condition qu'ils ne soient pas parasités par le sifflement du vent dans le carcan vert qui m'entoure, je traverse une forêt particulièrement dense et le crépitement de la pluie sur le bitume laquelle commence à tomber dru, m'assourdit. Pour corser ma situation, les premières lueurs de l'aube découvrent les caractéristiques du paysage qui m'entoure. Des maisons, des maisons et même des immeubles à portée de vue. J'affleure une petite ville et ce n'est pas du tout pour me plaire. Que faire ? Statique au milieu de la chaussée je réfléchis et là, j'ai une idée lumineuse. Encore faut-il la concrétiser avant que les habitants, réveillés ne s'enhardissent au dehors.

Tout à ma joie de mon génie, je ne fais pas attention à l'horrible engin qui fond sur moi, usant de ses pleins phares puis du klaxon qui ressemble furieusement à une corne de brume. J'ai juste le temps faire un pas de côté pour me voir dépasser par un énorme camion qui en prime m'asperge copieusement de l'eau boueuse des bas-cotés de la route. Apeuré, je me réfugie derrière une clôture dont le portail est ouvert. Je m'accorde le temps nécessaire pour retrouver mes esprits non sans avoir jeter un œil vers la bâtisse qui trône au sein de cette propriété. Tous les volets sont clos. Je peux enfin souffler.

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