(POLI-JUSTI)CE, FACTEUR D’INCOMPRÉHENSION.

Mais enfin, Monsieur le juge….vous y croyez ?

Je n'entends malheureusement de cette conversation que la partie qui m'est directement audible. Branle-bas de combat au poste de la guardia civile. Les journaux du matin ont semé encore plus de confusions dans l'affaire qui les occupent et qui a attiré comme des mouches le gratin des correspondants internationaux de médias divers et variés. Le Don qui chie dans son froc depuis qu'il est mis régulièrement sur la sellette est à nouveau tiré de ses rêves de gloire pour aider la police à déméler les fils de cet imbroglio dans laquelle elle se perd. Et l'enquêteur de brandir agressivement devant son nez un journal à la une racoleuse...L'âne terroriste a disparu depuis trois cents ans… derrière ma cloison je n'ai aucun mal à saisir les propos agacés des interrogateurs et pour peu que je colle l'oreille, celle assourdie la voie d'un Don qui Chuinte de peur. Son cerveau malmené depuis quarante-huit heures bogue d'avantage qu'à l'habitude. La seule chose cohérente que son profond désarroi a laissé filtrer : C'est pas mon âne, c'est celui de Sancho.

Je m'attends donc à être extrait de ma cellule, que dis-je, mon havre de paix afin d'être à mon tour mis à la question. Je me félicite d'être au vingt-et-unième siècle, car la question en mon temps !!!

Par contre, ce que j'ai à expliquer, je le sens, ne va certainement pas emporter leur adhésion. Je n'ai malheureusement plus le choix.

Après mon audition, les policiers sont tellement déstabilisés qu'ils comptent par le menu au juge, via le téléphone, l'impasse dans lequel ils se trouvent suite aux deux interrogatoires. Ils sont à ce point désemparés qu'ils ont oublié de me ramener dans ma cellule.

Quichotte de Cervantès...Si je l'ai lu ? ...Des extraits comme tout le monde à l'école...Et vous pensez que...Attendez, vous n'êtes pas sérieux...Et comment vous l'expliquez ?… Ah vous ne l'expliquez pas !…

Vous suspendez les poursuites , c'est ce que vous dites ! Vous le confirmez! Les Français ne vont sans doute pas se rallier à vos conclusions… Je vous en laisse seul juge, si je peux m'exprimer ainsi et nonobstant votre fonction...Ah ! Vous me trouvez trop obséquieux ! Vous vouliez sans doute que je vous dise que vous les magistrats vous nous faites chier vous qui remettez en liberté des prévenus qu'on arrête vingt-quatre heures après. C'est trop facile, même si je n'en pense pas moins.Après tout, c'est votre affaire, mais j'attends la confirmation écrite. Un mail, OK, autant vous dire qu'on va l'archiver, ça me semble insuffisant. J'attends un ordre écrit.