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La Sancha au sang chaud

Un dégueuloir mais sans trop de mauvaises odeurs, je suis trop polie pour ça !

DES BARRIÈRES ET POURTANT LA MÊME LANGUE

- Profession ?

- Écuyer .

- Ah, vous travaillez dans un cirque ?

- Non, pas du tout.

- Alors dans l'armée ?

- Pas plus !

J'ai bien senti son embarras alors j'ai ajouté très vite : je suis laboureur

???

- Paysan vous voulez dire !

- Oui, c'est ça, paysan !

- Vous possédez donc des chevaux ?

- Non !

- Écuyer vous avez dit…

- Oui...c'est vrai, je possède quelques chevaux...Que Dieu me pardonne, je suis en train de mentir mais il me semble qu'à ce moment là de l'interrogatoire, je n'ai plus vraiment le choix.

- Alors pourquoi vous balader vous sur un âne ?

- Rien ne vous échappe...heu… moi qui ais toujours rêvé de chevaucher un cheval qui m'appartiendrait, tellement supérieur ne serait-ce que par sa valeur marchande à un âne, je me vois acculé à défendre un animal que j'ai acheté par défaut...Heu...Heu...

Sachez que l'âne est en voie de disparition. Si...si… Le réchauffement de la planète et tout le toutim...Ne serait-ce qu'au Botswana, il a complètement disparu de la faune sauvage. Et puis, quand on y pense, un âne a un impact moindre sur l'émission de gaz à effet de serre qu'un cheval. Un corps plus ramassé, un habitat plus restreint... Une alimentation plus diversifiée qui provoque moins de méthane dans ses flatulences, excusez-moi de ce genre de détail un peu scabreux, un courage à nul autre pareil, une bête maltraitée par la plupart des propriétaires, surtout, je vous le dit en confidence...et je baisse la voix...dans les pays musulmans, bref, un compagnon si précieux que je ne l'échangerais pas contre...voyons ...quatre chevaux. Je ne peux m'empêcher de rougir à ce qui m'apparaît être un blasphème.

- Et vous avez parlé d'une île, d'en être le gouverneur ?

- Une île, oui, mais vous savez, c'est dans un avenir lointain...Mon Maî...mon employeur m'a bien parlé de l'île des faisans...Depuis le temps qu'il m'endort avec la promesse de pouvoir dominer un archipel, j'ai enfin eu récemment le nom de mon futur bien.

-??? Vous avez une quelconque idée de ce qu'est l'île des faisans ?

- Non, mais je suis sûr que mon gouvernorat amènera une amélioration chez ses habitants.

- ??? Habitants !!! vous voulez certainement parler de sa faune sauvage. Des faisans mais aussi des...….

- ...A la bonne heure, je m'angoissais à diriger des indigènes plus ou moins civilisés. Vous m'ôtez une épine du pied, régenter des animaux me sied : sternes, phoques, otaries, moutons de pré-salé...Entre le tourisme et la vente de leur viande si apprécié il y a de quoi se créer une rente qui assurera les vieux jours de ma famille.

- ??? Vous savez où est placé l'île des faisans ?

- Non, pas vraiment !

- Sur un fleuve, la Bidassoa qui sépare la France de l'Espagne. Elle a comme particularité d'être un condominium, six mois gérée par l'un des pays, six mois gérée par l'autre.

- Autant dire que mon maî...mon employeur a raison. D'ici peu, elle sera en vente, chacun des pays riverains, pris financièrement à la gorge sont en train de vendre leurs bijoux de famille. Et là, je suis sûr que bientôt on la verra en vente sur Ebay. Ah ! Je vous remercie de ce renseignement, je commençais sérieusement à douter de mon m...employeur.

Le garde civile, qui avait interrogé des durs à cuire, des séparatistes basques au mutisme légendaire, se trouve dépourvu devant ce prévenu qui ne barguigne pas à répondre spontanément à ses questions mais dont les assertions, hors de sa norme, le propulse dans un abîme de perplexité. Au point qu'il en a oublié de me demander l'essentiel : pourquoi j'ai cru bon de teindre la robe de mon âne. Il me renvoie dans mes appartements, une cellule de garde-à-vue sans confort mais qui a l 'avantage d'être chauffée. Je suis correctement nourri et c'est chez moi primordial. Je ne phosphore jamais aussi bien que l'estomac empli quand le laisser-aller vers la somnolence lâche mes rêves éveillés. Ces courts instants sont les architectes de mes châteaux en Espagne, constructions de sable de pensées enfouies soit par la bienséance, soit par le manque de confiance en soi, condamnés à être balayés par le retour d'un réel intrusif généralement la nécessité de me soulager des déchêts humains. Avec mon jet puissant, impulsé par ma prostate, j'évacue dans la cuvette ou plus souvent dehors, ce qui m'a valu déjà plusieurs amendes essentiellement dans les villes que nous avons traversées, et mon urine et l'illusion d'avoir un destin hors du commun. Je m'en remets à mon prochain repas pour de nouveau rencontrer ce moi intérieur audacieux qui n'a plus besoin de ce Don qui Cherche pour se réaliser en toute confiance.

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