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La Sancha au sang chaud

Un dégueuloir mais sans trop de mauvaises odeurs, je suis trop polie pour ça !

Aveux sous la torture

On a beau être bien traité, il n'en est pas moins sur qu'on est retenu et cette pensée même gâche le plaisir d'être en sécurité, dans un confort relatif et surtout nourri comme on ne l'a jamais été auparavant.Des plats corrects, voire des mets mijotés avec patience et amour. Je le pressens en dégustant l'ordinaire parfois exceptionnel de ma prison. Je m'en étonne. Un de mes gardiens m'affranchit : la femme du commandant qui envisage d'ouvrir son restaurant mais dont les mutations successives de son époux empêchent de concrétiser le rêve, se venge d'un conjoint dont la seule carrière compte, en confectionnant des petits plats pour les peu de visiteurs qu'elle reçoit,des prévenus mis en un examen et dont le sort dépend de juges nommés dans une ville plus importante que sa bourgade. Des hôtes de passage dont il faut conquérir le palais. Son mari, au départ hostile, la moindre velléité de sa femme étant à priori suspecte, non qu'il soit macho mais encore faut-il qu'elle fasse ses preuves, de guerre lasse, a fini par lui octroyer la possibilité de cuisiner pour les prisonniers.Je me félicite de sa générosité bien qu'elle teste sur nous ses audaces culinaires parfois surprenantes.

Son époux a vite compris les avantages de la lubie de sa femme.

Bien repue, la méfiance se relâche mais l'estomac vide, au détour d'un interrogatoire, la vérité pointe un nez avide de saveurs prometteuses, anticipant le prochain repas . C'est pourquoi El Commandante a aménagé sa salle d'interrogatoire à côté des cuisines et a percé le mur mitoyen d’orifices discrets à deux mètres du sol. Qui peut résister à la bonne odeur d'une cuisine mijotée avec amour ? Cette nouvelle disposition des lieux a fait merveille. Des récalcitrants se sont mis spontanément à table, anticipant le bonheur de goûter le plat que leur nez émoustillé a humé pendant le douloureux face-à-face avec les forces de l'ordre.

C'est pourquoi, plutôt que de résister au supplice de me voir priver du plaisir de goûter aux créations de la patronne , j'ai admis de bonne grâce avoir teint le pelage de Rossian afin qu'il passe inaperçu suite au portrait robot diffusé sur le net relayé par le portable de mon mai...employeur . De toute façon, à ce moment là des investigations, il est vain de nier. D'autant qu'ils se concentrent sur la recherche d'une Dulcinée dont j'ai toujours douté de l'existence ne l'ayant jamais vu.

Du temps de tranquillité gagné sous un toit où à défaut de me voir élargir, je vais me voir « élargi » en tour de tout, de taille et de gourmandise. Alors ma sensation d'être enfermé, je la mets sous le boisseau même si elle titille un besoin fondamental de l'homme : la liberté.

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