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La Sancha au sang chaud

Un dégueuloir mais sans trop de mauvaises odeurs, je suis trop polie pour ça !

Rossian, l'insulte

D'habitude, il m'enveloppe de sa logolalie.. Et patati patata...Rien ne sert de courir...

Ce matin.... le silence, à part des injures, putain de bordel... et j'en passe.

En ce quatorze novembre, son humeur est rogue. Il m'a juste dit! c'était une mauvaise idée de se s'en prendre aux ailes du Moulin Rouge. Il a même osé m'appeler Rossian alors que ce nom, ersatz de Rossinante m'humilie et qu'il le sait. J'avais même oublié qu'on m'avait affublé d'un tel nom quand ânon, je tétais encore ma mère. Elle, elle n'oubliait jamais de moduler d'amour ses hi-han à part quand elle les teintait de désespérance pour peu qu'elle estimât que je courusse un danger. Ses braiments devinrent déchirants le jour où l'on est venu me chercher.

Sancho, mon nouveau maître, attendri par ma jeunesse, n'a jamais pu se résigner à m'appeler Rossian. Il usait souvent de petits noms d'amour qui m'incitait, même si parfois j'étais réticent, à le suivre sans résister. J'ai toujours eu une immense confiance en lui.

Sancho, donc, hiératique sur mon dos est anormalement mutique...heureusement, il y a internet et les réseaux sociaux. Son I-phone, il le laisse suffisamment dans mon champs de vision pour que;à défaut de m'informer, la chose étant aléatoire, je me fasse néanmoins une idée certes parcellaire mais une idée quand-même :

Ce qu'il ne s'imagine pas, ce sont que nos oreilles sont comme d'immenses antennes aptes à capter le dicible comme l’indicible. Rafales de kalachnikov; peur irrépressible de mourir parce qu'on est au mauvais endroit et que d'une minute à l'autre on est projeté brutalement vers la fin, sans le vouloir. des vibrations de panique que mes immenses lobes auditifs reçoivent sur des kilomètres à la ronde? J'ai compris la barbarie avant eux, ces sons spécifiques qui ont zébré la nuit parisienne.

Je ne m'attendais pas à la sidération de mon maître qui répétait en boucle "Espagnols nous sommes, en Espagne nous devons être" et surtout pas à la réaction du Don Qui Chocotte qui pour une fois lui donna raison. "la Dulcinée ne se terre pas à Pigalle" conclut-il en tournant casaque, non sans avoir reluquer avec délectation des pieds à la tête les corps peu vêtus des petites femmes qui font la réputation des lieux. Un wagon à bestiaux plus tard, j'ai débarqué à San Sébastian, mon maître m'attendant qui pour me réceptionner n'a pas hésité à prendre l'avion. Je me faisais une véritable joie de le revoir, mais lui, non.

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